Misogynie à part
1
Misogynie à part, le sage avait raison:
Il y’ a les emmerdant’s, on en trouve à foison,
En foule elles se pressent.
Il y’ a les emmerdeus’s, un peu plus raffiné’s,
Et puis, très nettement au-dessus du panier,
Y’a les emmerderesses.
2
La mienne, à elle seul’, sur tout’s surenchérit,
Ell’ relève à la fois des trois catégori’s,
Véritable prodige,
Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou,
Elle passe, ell’ dépasse, elle surpasse tout,
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
3
Mon Dieu, pardonnez-moi ces propos bien amers,
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerde, ell’ m’emmer-
De, elle abuse, elle attige,
Ell’ m’emmerde et j’ regrett’ mes bell’s amours avec
La p’tite enfant d’ Mari’ que m’a soufflé’ l’évêque,
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
4
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerde, et m’oblige à me cu-
Rer les ongles avant de confirmer son cul,
Or, c’est pas Callipyge.
Et la charité seul’ pouss’ ma main résigné’
Vers ce cul rabat-joi’, conique, renfrogné,
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
5
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerde, je le répète et quand
Ell’ me tape sur le ventre, elle garde ses gants,
Et ça me désoblige.
Outre que ça dénote un grand manque de tact,
Ça n’ favorise pas tellement le contact,
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
6
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerd’, quand je tombe à genoux
Pour certain’s dévotions qui sont bien de chez nous
Et qui donn’nt le vertige,
Croyant l’heure venu’ de chanter le credo,
Elle m’ouvre tout grand son missel sur le dos,
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
7
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerde, à la fornication
Ell’ s’emmerde, ell’ s’emmerde avec ostentation,
Ell’ s’emmerde, vous dis-je.
Au lieu de s’écrier: “Encor! hardi! hardi!”
Ell’ déclame du Claudel, du Claudel, j’ai bien dit,
Alors ça, ça me fige.
8
Ell’ m’emmerde, ell’ m’emmerd’, j’admets que ce Claudel
Soit un homm’ de génie, un poète immortel,
J’ reconnais son prestige,
Mais qu’on aille chercher dedans son oeuvre pie
Un aphrodisiaque, non, ça, c’est d’ l’utopie!
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.
Ell’ m’emmerde, vous dis-je.